Non à l'ordre nouveau
La liste complète des signataires peut être consultée sur www.soutien11novembre.org.
Les signatures de soutien sont collectées sur le même site.
Une opération récente, largement médiatisée, a permis d'arrêter et d'inculper neuf personnes, en mettant en oeuvre la législation antiterroriste. Cette opération a déjà changé de nature : une fois établie l'inconsistance de l'accusation de sabotage des caténaires, l'affaire a pris un tour clairement politique. Pour le procureur de la République, "le but de leur entreprise est bien d'atteindre les institutions de l'Etat, et de parvenir par la violence - je dis bien par la violence et non pas par la contestation qui est permise - à troubler l'ordre politique, économique et social".
|
Les personnes inculpées n'ont pas été choisies au hasard, mais parce qu'elles mènent une existence politique. Ils et elles ont participé à des manifestations - dernièrement, celle de Vichy, où s'est tenu le peu honorable sommet européen sur l'immigration. Ils réfléchissent, ils lisent des livres, ils vivent ensemble dans un village lointain.
On a parlé de clandestinité : ils ont ouvert une épicerie, tout le monde les connaît dans la région, où un comité de soutien s'est organisé dès leur arrestation. Ce qu'ils cherchaient, ce n'est ni l'anonymat ni le refuge, mais bien le contraire : une autre relation que celle, anonyme, de la métropole.
Finalement, l'absence de preuve elle-même devient une preuve : le refus des inculpés de se dénoncer les uns les autres durant la garde à vue est présenté comme un nouvel indice de leur fond terroriste.
LIBÉRATION IMMÉDIATE
En réalité, pour nous tous cette affaire est un test. Jusqu'à quel point allons-nous accepter que l'antiterrorisme permette n'importe quand d'inculper n'importe qui ? Où se situe la limite de la liberté d'expression ? Les lois d'exception adoptées sous prétexte de terrorisme et de sécurité sont-elles compatibles à long terme avec la démocratie ? Sommes-nous prêts à voir la police et la justice négocier le virage vers un ordre nouveau ? La réponse à ces questions, c'est à nous de la donner, et d'abord en demandant l'arrêt des poursuites et la libération immédiate de celles et ceux qui ont été inculpés pour l'exemple.
Giorgio Agamben, philosophe ;
Alain Badiou, philosophe ;
Jean-Christophe Bailly, écrivain ;
Anne-Sophie Barthez, professeur de droit ;
Miguel Benasayag, écrivain ;
Daniel Bensaïd ;
Luc Boltanski, sociologue ;
Judith Butler ;
Pascale Casanova, critique littéraire ;
François Cusset ;
Christine Delphy ;
Isabelle Garo ;
François Gèze, éd. La Découverte ;
Jean-Marie Gleize, professeur de littérature ;
Eric Hazan, éd. La Fabrique ;
Rémy Hernu, professeur de droit ;
Hugues Jallon ;
Stathis Kouvelakis ;
Nicolas Klotz, réalisateur ;
Frédéric Lordon, économiste ;
Jean-Luc Nancy ;
Bernard Noël, poète ;
Dominique Noguez, écrivain ;
Yves Pagès, éd. Verticales ;
Karine Parrot ;
Jacques Rancière ;
Jean-Jacques Rosat ;
Carlo Santulli ;
Rémy Toulouse, éd. Les Prairies ordinaires ;
Enzo Traverso, historien ;
Jérôme Vidal, éd. Amsterdam ;
Slavoj Zizek, philosophe.
La liste complète des signataires peut être consultée sur www.soutien11novembre.org.
Les signatures de soutien sont collectées sur le même site.